Comment naissent les multicoques ?

Nous avons évoqué dans les articles précédents les choix qui ont présidé à la conception d’un catamaran de croisière très rapide.

Pour illustrer une autre approche, nous allons maintenant prendre comme exempte le GALAXY 170 qui correspond à un programme très différent, voyage et vie à bord sans aucune limite de lieu ou de temps. De toute évidence, les solutions techniques retenues ne seront pas forcément les mêmes.

catamaran de croisière

Dans ce cas précis, une navigation sans limite pour mon client veut dire vendre la maison pour s’installer définitivement à bord aussi longtemps que cela restera physiquement possible et pouvoir aller absolument n’importe où, de l’Equateur jusqu’au Cercle Polaire!
Voilà un programme sortant de l’ordinaire et quelque peu stimulant pour un architecte. En effet, si pour vivre à bord un catamaran semble évident, le choix d’un engin de 17m pour avoir tout le confort, la sécurité et l’autonomie nécessaire impose des solutions originales pour que sa manœuvre puisse se faire par des personnes âgées! De même, si le catamaran s’impose pour les croisières paradisiaques par le boulevard des Alizés, ceux qui sont allés se frotter aux glaces se comptent sur les doigts d’une seule main. Bref, concevoir une telle unité est un challenge passionnant.
Les questions de la construction et du gréement très novateur seront décrites dans de prochains articles. Commençons donc par le début, les formes de carène.

Les proportions

Un bateau pour un tel programme doit posséder une charge utile respectable (3,5 tonnes) mais ses qualités nautiques doivent être au-dessus de tout reproche. On est loin des desiderata d’une unité de charter pour laquelle seule compte la rentabilité (donc le nombre de cabines au mètre) et qui ne navigue qu’au soleil en laissant aux convoyeurs le soin de faire arriver sans casse le bateau sur son lieu d’exploitation.
Pour un bateau de propriétaire, le bon sens consiste à déterminer le volume des aménagements nécessaires, établir le devis de poids puis donner la longueur nécessaire pour que tout cela passe harmonieusement et nous sommes arrivés à 17m. La construction devant être excessivement robuste a contribué à obtenir un déplacement en charge de 13,5 tonnes, bien qu’un sérieux effort sera fait pour maîtriser le poids des aménagements et de la finition.

catamaran en famille
Cette longueur permet d’avoir ses aises, deux vrais compartiments moteur; un stockage totalement protégé de l’annexe semi-rigide, sans pour autant compromettre le centrage des poids par une longueur de plateforme exagérée. Il est nécessaire de rappeler que des poids centrés ne sont pas juste un fantasme de coureur. Le tangage étant directement proportionnel au carré de la distance de chaque masse depuis le centre de gravité et inversement proportionnel au cube de la longueur. Faites le compte.  » Sur le FREYDIS, le seul fait de placer les moteurs au centre a été sensible. Le tangage, source de mauvais près, d’inconfort, de fatigue du matériel et même de danger par gros temps est à combattre.
La tenue de mer d’un catamaran dans des conditions extrêmes nécessite de toute façon de la longueur et une largeur de 9m permettra de voir venir; un tel engin n’est pas fait pour lever la patte! La sécurité passe également par un franc-bord avant respectable pour éliminer tout risque d’enfournement et une plate-forme très haute pour ne pas taper dans les vagues. Une bonne remontée au vent est cependant essentielle et les superstructures sont donc particulièrement profilées pour réduire au maximum la prise au vent de tout ce volume dans la brise.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *